Ce matin, tout va de travers !
D'ailleurs, je n'avais pas envie d'aller en classe et j'aurais préféré rester dans mon lit. Toute la journée !
J’ai eu une mauvaise nuit, je n’ai pas d’énergie, et tout va de travers… du moins, c’est ce qu’il me semble.
Les élèves sont bruyants, ils semblent avoir oublié le fonctionnement de la classe, les routines, les habitudes, même les bases du métier d’élève, comme lever la main avant de parler ou ranger leurs affaires à la fin du temps calme. Bien sûr, c’est aujourd’hui que les parents choisissent de me donner une série de demandes de congé pour les prochains jours. J’aurais mieux fait de rester au lit !?
Ça nous arrive à tous d’avoir des journées moins joyeuses que d’autres et c’est normal. Au fur et à mesure du temps qui passe, j’ai appris quelques leçons pour que ces journées se déroulent le moins mal possible… et se terminent parfois même très bien !
Accepter ces journées et tenir compte de notre état
Est-ce que mes élèves étaient vraiment pires que les autres jours ? Pas forcément… ça fait déjà quelques semaines que le relâchement se fait sentir. Par contre, compte tenu de mon état aujourd’hui, cela m’atteint plus, m’indispose plus, m’énerve plus et pourrait me conduire à prendre des mesures qui ne seraient pas forcément adéquates.
Accepter mon état me permet de ne pas sombrer dans la susceptibilité et de garder une perspective correcte : peut-être que les élèves sont plus bruyants mais je suis plus sensible à cela aujourd’hui. Je ne vais donc pas distribuer de fiches de réflexion à chaque mot de trop ni réagir pour toutes les petites choses qui me paraissent immenses aujourd’hui. Demain sera un autre jour, et tout ira mieux. Surtout moi !
C’est aussi l’occasion peut-être, pour une fois, de nous centrer sur nous et d’alléger les contraintes de la journée. Dans la vie scolaire normale, il y a différents éléments sur lesquels on met l’accent :
le programme quand il faut absolument terminer une matière parce qu’une évaluation est agendée et que je ne peux pas la repousser,
les élèves, quand ils sont fatigués, tendus ou excités et que l’on va adapter les circonstances,
l’enseignant, quand il est presque malade mais qu’il va quand même en classe, quand il a mal dormi ou qu’il est stressé.
Quand on est diminué dans ses forces, sa réflexion et ses nerfs, simplifier la vie est la meilleure manière de passer la moins mauvaise journée possible. Avec un peu d'humour, ça passe toujours mieux.
Parfois, on peut en parler aux élèves, si on est à l’aise avec cette exposition de notre vie privée, d'autres fois, mieux vaut ne pas le faire. Cela dépend de la relation que nous avons avec le groupe et de la réaction qu'une telle annonce peut engendrer. Dans ma classe, j'aurais pu le faire (mais je ne l'ai pas fait cette fois-ci).
Rappeler les bases plutôt que réprimander
Quitte à parler de cette journée, continuons avec quelques éléments de gestion de classe pour ces jours-là et d’autres.
Je me souviens d’une matinée où je visitais une stagiaire qui terminait sa formation tout en ayant déjà une classe. Elle devait régulièrement rappeler différents élèves à l’ordre et cela mettait une ambiance tendue dans la classe. Elle était sur un mode réactif. C’étaient donc les élèves qui menaient le bal — et quel bal ! — et elle tentait de ramener le calme comme elle pouvait. Je lui ai conseillé de faire une pause dans l’enseignement et de rappeler posément à toute la classe les règles, le cadre et les comportements attendus.
Dans toutes les classes, il y a des moments où le rappel est nécessaire, même plusieurs fois par année. Avec l’expérience, on peut presque prédire les périodes propices à cet exercice qui apporte de nombreux avantages :
Tout le monde est concerné, personne n’est visé nommément. C’est l’ensemble du groupe qui jouit du rappel et chacun fera un effort plus ou moins grand pour revenir dans le droit chemin.
C’est l’enseignant qui a le premier mot, qui est aux commandes. C’est une action préventive, même si elle intervient généralement après de nombreuses difficultés liées au climat de classe. Elle redonne un cadre positif au vivre ensemble, fixant à nouveau l’objectif d’un climat de classe sain et serein.
Le rappel se fait en fonction d’éléments extérieurs aux élèves ou à l’enseignant : c’est le règlement ou les principes de classe qui sont rappelés, pas mes envies ou celles d’un ou l’autre élève plus prompt à désapprouver les comportements qui ne respectent pas les règles.
De même que les matières scolaires nécessitent de fréquents rappels, l’enseignement d’un comportement adéquat demande les mêmes pratiques. C’est normal.
Bien sûr, il n’est pas nécessaire d’être fatigué ou à bout pour lancer ce genre de recadrage. Ce n'est d'ailleurs peut-être même pas conseillé !
Agir plutôt que menacer
C’est bien connu :
Ce que tu fais parle plus fort que ce que tu dis !
Et pourtant, combien de fois répétons-nous la même chose avant de passer à l’acte : donner une sanction (conséquence, déplacement, fiche de réflexion, note dans l’agenda…).
Parfois, nous nous épuisons à parler, à répéter les mêmes choses, alors que notre interlocuteur n’attend qu’une action de notre part (bien souvent inconsciemment). Je me rappelle du temps où j’étais titulaire remplaçant et où je changeais de classe presque chaque jour.
Dans certaines classes, c’était houleux dès l’arrivée. J’avais pris l’habitude dans ces circonstances de sanctionner le premier comportement illicite. Résultat, j’étais pris au sérieux et le reste de la journée se passait (presque) dans le calme et (presque aussi) dans la bonne humeur. Nous n’avons pas besoin d’être au bout du bout pour sanctionner.
D’ailleurs, la sanction ne dépend pas de nous mais de l’élève, de ses actions, de son comportement qui contrevient aux principes de la classe, de l’école, du vivre ensemble.
Finalement, cette journée s’est plutôt bien passée et, après le recadrage que j’ai décidé de faire en toute connaissance de cause, un calme bienvenu s’est installé pour toute la journée, y compris le temps de ruche de l’après-midi qui n’avait plus vraiment cet aspect-là !
Oui, il y a des journées pour lesquelles nous sommes nettement moins opérationnels que pour d’autres. Avoir quelques idées dans son carquois quant à la manière de les vivre peut nous aider à les traverser plus sereinement.
Et vous, que faites-vous quand vous n’êtes pas en forme mais que vous devez quand même aller en classe ?
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